Crise malienne, encore une fois, Nkrumah avait raison
Il s’est tenu à l’IREA, Maison de l’Afrique, à Paris, des conférences abordant des sujets directement liés au continent africain. Parmi les sujets les plus brûlants, qui ont soulevé le plus de passion, il y a le Mali avec tout ce que nous savons et comme il fallait s’y attendre, ce que nous ne savons pas.
Ce n’est pas peu de dire que c’est dommage de voir ce pays sombrer ainsi, malgré toutes ses potentialités. Mais c’est encore plus dommage de voir les dirigeants africains, en général, et les dirigeants ouest-africains, en particulier, assister ainsi, impuissants, à la déliquescence de ce grand pays (par la superficie et par l’histoire). Et quand je dis « assister ainsi, impuissants », je suis vraiment gentil et perplexe car en réalité, je pense sincèrement que le drame malien ne fouette l’ego d’aucun de nos dirigeants, sinon que très peu d’entre eux.
Ce que vit le Mali est encore une preuve que l’Osagyefo, Kwame Nkrumah avait raison quand dans ses écrits, il proposait construction d’une Union africaine véritable, avec une armée continentale. Mais il n’y avait pas que ses écrits. Il l’a dit et répété sans cesse, mais combien étaient-ils, entre 1956 et 1966, à lui prêter une oreille attentive ? Il avait quitté la grande salle de l’OUA (Organisation de l’unité africaine, ancêtre de l’UA, Union africaine) lorsqu’il se rendit compte que ses pairs étaient opposés à sa vision panafricaniste de la construction de notre continent, de sa renaissance. C’est l’empereur éthiopien, Haïlé Sélassié qui dut le suivre et le rattraper afin que la fracture née de cette division ne soit pas trop profonde…
Lors de cette rencontre à la Maison de l’Afrique, un Frère, originaire du Bénin (Kwesi*) a rappelé une évidence que nous ne mesurons pas assez : nous n’avons pas d’agenda. Oui, il faut le dire et le ressasser jusqu’à ce que deux ou vingt de nos dirigeants prendront réellement le taureau par les cornes : nous n’avons pas d’agenda tandis que non seulement les autres en ont un voir plusieurs, mais le pire c’est qu’ils les font à notre place. Et nombre de nos dirigeants sont contents et fiers d’utiliser ces papiers conçus loin de chez nous, qu’ils arborent parfois même sous nos yeux, sur notre continent en réussissant parfois à faire croire à certains d’entre nous, naïfs, que ces documents sont l’émanation de leur travail. Dieu merci, avec le temps, les Africains sont de plus en plus conscients qu’il n’en est rien et que ce n’est que fumisteries sur fumisteries auxquelles nous sommes soumis.
Une preuve vient encore d’être donnée avec les très récentes déclarations du ministre français de la Défense, le Breton Jean-Yves Le Drian. Le 16/10 dernier, il déclare au journal français Le monde : C’est une question de quelques semaines, pas plusieurs mois, quelques semaines. Ceci au sujet d’une intervention militaire au Mali. Le 24/10, dans un autre journal français, Le Figaro, il dit : Pour l’instant, l’heure n’est pas à l’intervention. Je n’ai pas le souvenir qu’un seul président ouest-africain ait réagi à ses propos. Pour information, le président mauritanien (Mohamed Ould Abdel Aziz), en convalescence à Paris**, a rencontré le ministre français qui, pour la circonstance confirme que l’empire français est bien plus vivant que jamais. C’est Paris qui dicte notre agenda. CQFD pour ceux qui en douteraient encore et qui ne cessent de brandir des papiers en hurlant que nous sommes souverains : ces papiers sont blancs. Comme la neige. Il n’y a vraiment rien dessus.
Quels sont ces dirigeants qui roupillent tranquillement pendant que notre continent est agressé de la sorte ? Encore une fois, il faut se le mettre bien dans le crâne : les djihadistes et autres salafistes qui s’amusent au Mali en tuant et coupant les mains le feront demain dans un autre pays. Seule Dame Nature sait où ils s’arrêteront.
Amadou Hampâté Bâ l’a dit en son temps : il ne faut pas bêler à la place de la chèvre. Un professeur d’histoire l’a rappelé samedi dernier à l’IREA. Les dirigeants africains laissent Le Drian, François Hollande etc. bêler à leur place. Sans la moindre vergogne. Encore une preuve qu’ils sont de véritables eunuques ? Romano Prodi a été désigné envoyé spécial de l’ONU au Sahel. En fait, les textes ne le disent pas, mais il est là pour remplacer le trop trouble Blaise Compaoré, qui depuis plus de 20 ans est dans tous les coups fourrés de la sous-région. Je ne pleure évidemment as sur le sort du pauvre Blaise (il s’en fout comme de l’an 87).
Il serait vraiment, il serait plus que temps que des pays comme l’Afrique du Sud et le Nigeria envoient la soldatesque ramener l’ordre au Mali, quitte à mettre ce pays sous tutelle au moins quelques années, le temps d’y former une armée véritablement républicaine, en lieu et place de cet ersatz laissé exprès par Amadou Toumani Touré.
PS: Je ne parle même pas des soutiens financiers venus du Golfe, au vu et au su du monde entier
Obambé GAKOSSO, October 2012©
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* : Je ne suis pas sûr de l’orthographe de son prénom
** : La capitale médicale africaine.
Merci de relayer ces info pour les absents à cette rencontre
@ Catherine,
De rien. Ce fut un grand moment, surtout avec le sujet malien et le sujet ivoirien.
@+, O.G.
Bonjour Bambi,
Vivre loin de Paris, c’est compliqué pour ce genre de rencontres. Mais pourrais-tu nous faire un CR plus détaillé?
Christian