Ganao et le vote tribal
BREF retour sur le décès de l’ancien Premier ministre David Charles Ganao. En fait, pas réellement sur son décès, mais plutôt sur le vote de 1992. Comme dit dans le billet d’hier, il avait terminé septième à l’issue du scrutin présidentielle en question. Or, nous savons tous que les deux plus grands groupes linguistiques du Congo sont les Kongo et les Teke. Les structures publiques congolaises ne faisant pas de statistiques sérieuses d’habitude, difficile de savoir qui des deux groupes est le plus important, numériquement.
J’ai lu récemment une thèse de sciences politiques, écrite par un Congolais, qui situe les Teke (tribu dont était issu Ganao) se trouvent dans la région des Plateaux (Centre du Congo) et au Nord de Mfoa, notre capitale politique. Cela fait sourire. De tristesse car, en réalité, les Teke, on les trouve dans la Cuvette-Ouest, les Plateaux, le Pool, la Lekoumou, la Bouenza et le Niari (les 4 derniers départements cités sont tous au Sud du pays). Des éléments qui m’ont toujours poussé à être circonspect sur les chiffres donnés par les uns et les autres sur les composantes tribales du Congo.
SI réellement tous les Congolais votaient d’abord sur la base de leurs tribus ou de leurs langues maternelles, en toute logique, Ganao aurait été dans le duo de tête de la présidentielle de 1992. Je n’ai pas en tête les chiffres de cette élection, région par région, district par district, mais je suis prêt à parier que mis à part les centres urbains que sont Djambala, Ngo, Lekana, feu Ganao n’a pas du avoir bien des voix ailleurs. Nous avons des paradigmes à réviser. Je doute que les Teke des autres régions citées, mis à part ceux des Plateaux, se soient reconnus en Ganao en 1992. D’ailleurs, celui qui sera en tête au premier tour et qui l’emportera, Pascal Lissouba, fait partie de la tribu Nzabi (ou Nzebi) qui elle-même fait partie du groupe Teke. Il est originaire du Niari et… très peu de Congolais savaient cela ! Ce billet n’est pas écrit pour dire qu’il n’y a pas de tribalisme au Congo. On le sait, il est même plus vivace que jamais!
Obambé GAKOSSO, July 2012©
Salut mon frère Bambi,
En effet j’ai lu cette thèse, je peux te dire que j’étais mort de rire. J’ai même dit à ton frère le Sénateur que si j’étais membre du jury, j’allais m’opposer catégoriquement qu’on accorde à ce monsieur le titre de docteur, franchement!
Mais comme tu sais, la plus part des gens qui ont fait des thèses sur des sujets qui concernent l’Afrique ou le Congo en particulier, ont obtenu leur doctorat parce que les membres du Jury ne pouvaient pas se déplacer pour aller vérifier les informations sur place. C’est pour cela que tu verras que les membres du CNRS, spécialistes de tel ou tel pays, racontent parfois des histoires aux français qui ne sont même pas la réalité de ce qui se passe en Afrique!
Je pense que (avis personnel) ces gens là ne méritent pas leur doctorat!
Bien à toi
Mosakoli
Aïe! Mosakoli, O sasi ye penza kosasa…
@+, O.G.
Peut-on avoir les références de la thèse dont il s’agit et le nom de son auteur?
Une thèse est par principe soumise à une diffusion publique, puisqu’elle se soutient « publiquement ».
Celle dont il s’agit, a-t-elle été mise en ligne et diffusée sur le web?
De prime abord, sans l’avoir lu et d’après le commentaire que vous en faites, la position de l’auteur semble se fonder sur un corpus de croyances vivaces dans notre pays qui assigne aux tékés l’appartenance géographique et ethnique de « nordiste » au mépris de toute considération spatiale attestant réellement l’aire géographique de répartition de cette ethnie.
Par ailleurs, cette thèse refuse de prendre en considération le brassage inévitable des populations en présentant insidieusement sous un mode aversif les tékés comme une ethnie qui ne se serait pas mélangé avec les kongos; ce qui est loin d’être le cas dans la réalité.
Allez-y savoir pourquoi?
Ndeko na ngaï,
Voici un lien te menant vers cette thèse, http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/16/84/67/PDF/THESE.pdf
Tu ne seras pas déçu du voyage.
@+, O.G.
Les parents,
J’ai ouvert ce lien et j’ai cherché où sont mentionnés les mots recherchés et les bras m’en tombent. Mais je ne suis pas surpris, c’est bien congolais ça…
Alain